En ce jour heureux, béni par un ciel serein, 24 juin 1504, les cloches de la cathédrale de Mayence sonnaient à toute volée pour célébrer, pour la première fois, la Saint-Jean. Tous les Imprimeurs, sous un habit de fête, s’étaient rassemblés dans la maison où l'illustre Gutenberg créa sa première imprimerie.
Cependant, en France, une ordonnance de Louis XI, signée seulement en 1467, autorise la fondation d’une Confrérie réunissant écrivains, libraires, enlumineurs, relieurs de livres et parcheminiers. Les imprimeurs n’y étaient donc pas admis. Les premiers imprimeurs français ne s’installèrent rue Saint-Jacques que trois ans plus tard, sur l’initiative des Frères Fichet, Docteurs en Sorbonne. Nos ancêtres professionnels se nommaient Gering, Crautz, Frilburger, d’origine allemande ou alsacienne. Par une ordonnance de 1488, Charles VIII assimila les trois imprimeurs aux “ serviteurs ” de l’Université et les fit entrer dans la confrérie, dont les assises se tenaient au couvent des Pères Mathurins, tout près de l’hôtel Cluny. Les membres de la confrérie participaient à deux fêtes annuelles, 27 décembre et 6 mai. Une cérémonie religieuse précédait un banquet. Et les ateliers d’imprimerie fermaient comme pour un dimanche.
Au début du 17ème siècle, la confrérie prit le nom de Saint-Jean Porte Latine. Sur la bannière de la confrérie était brodé un livre orné de 3 fleurs de lys d’or. Les frais étaient couverts par des cotisations, des dons et des quêtes. Les imprimeurs avaient déjà des idées mutualistes puisque des secours étaient distribués aux ouvriers les plus pauvres ou aux malades. Mais une seconde et mystérieuse confrérie apparut plus tard sous le nom de Saint Jean de Latran, et, par des intrigues secrètes, sauva la vie en 1650, à un imprimeur nommé Marlot coupable d’avoir injurié Mazarin dans un pamphlet. Cette seconde confrérie disposait d’une Commanderie, lieu d’asile inviolable et strictement réservée à ses participants qui observaient les meilleures règles de solidarité fraternelle. C’était une sorte de franc-maçonnerie secrète. La Révolution Française balaya l’existence des deux confréries.
1881 marqua l’existence des lois sur la liberté de la Presse et de la Librairie. C’est aussi la date de la fondation de la Fédération du Livre, de l’âge d’or des quotidiens, de la modernisation de la Presse par Emile de Girardin. Le 5 mai 1889, on retrouve la trace d’un banquet de la Saint Jean Porte Latine, preuve irréfutable de maintien de la tradition.
L’écrivain Edouard Morin qui a consacré une partie de sa vie aux Arts Graphiques, a mentionné dans son œuvre ces lignes émouvantes qui feront battre le cœur de nos typos des temps modernes, « Le Saint-Jean du typo et surtout du trimardeur c’est le petit paquet qu’il ramasse pour quitter l’atelier et se mettre en route. Ce paquet contient une blouse noire qui ne sera jamais lavée, un composteur de bois ou une paire de mentonnières. »
Saint Jean à la Porte Latine.
L’Eglise célèbre le 6 mai l’anniversaire de la basilique de saint Jean, près de la porte Latine, à Rome. On connaît le passage évangélique rappelant la démarche des deux fils de Zébédée : Jacques et Jean, membres du Collège apostolique.
Jean était l’unique survivant du collège apostolique et avait atteint un âge avancé. Il gouvernait alors les Eglises d’Asie grâce à la haute réputation que lui assuraient sa dignité, ses grandes vertus et ses miracles.
Il fut arrêté à Ephèse et conduit comme prisonnier à Rome en l’an 95. L’empereur Dioclétien le condamna à un genre de mort barbare en ordonnant de le plonger dans une chaudière d’huile bouillante. Conformément à la pratique romaine, l’apôtre subit probablement d'abord la flagellation ne pouvant pas comme Saint Paul se prévaloir du privilège d’être citoyen romain. Quant au supplice d’huile bouillante on ne peut en douter puisque Tertullien, saint Jérôme et Eusèbe nous l’affirment. Jean sortit du supplice plus frais et plus vigoureux qu’il n’y était entré. La plupart des païens avec lui virent là le résultat d’un pouvoir magique. Jean fut banni dans la petite île Patmos, l’une des îles de la mer Egée.
Le supplice de Jean, qui fut plutôt un glorieux Triomphe, eut lieu en dehors de Rome à la porte Latine, appelée ainsi parce qu’elle conduisait vers le Latium. Une église fut édifiée sur l’emplacement en mémoire du miracle. On dit que c’était un temple de Diane dont la destination fut changée pour servir au culte du vrai Dieu. L’Eglise fut rebâtie en 772 par le Pape Adrien 1er.
Avec cette fête l’Eglise veut célébrer la foi, la confiance en Dieu dans l’épreuve. En effet, Dieu sauve, et nous permet de traverser l'épreuve dans la paix du cœur. Il donne la grâce de participer intimement à son mystère pascal en traversant l’épreuve.
Sources :
- Diocèse aux Armées.