En Lybie, à la fin du mois de mai 1942, la 1ère brigade des Forces Françaises Libres appuie, face aux forces germano-italiennes, la 8e armée britannique. La chute de Tobrouk avait ouvert la voie vers le Caire aux forces allemandes. La 1ère brigade des Forces Françaises Libres devait empêcher l'encerclement des Forces alliées.
Le 27 mai 1942 l'armée italienne attaque la position de BIR HAKEIM. Repoussées dans un premier temps après un combat acharné les forces germano-italiennes encerclent Bir Hakeim du 1er au 10 juin. Leur supériorité numérique est importante. Le général Rommel, commandant les forces germano-italiennes, exigent une reddition. "Nous ne sommes pas ici pour nous rendre" telle est la réponse du général Keonig qui commande la brigade française. Eau, vivres, munitions vont manquer. Le 10 juin, la garnison reçoit l'ordre, du Commandant de la 8e armée, de se replier. Dans la nuit du 10 au 11 juin les Français parviendront, avec leurs blessés et le matériel, à traverser les lignes ennemies.
Dans "Mémoires de guerre" (tome II, L'appel, p.258) le Général de Gaulle écrit : "De toutes façons, le dénouement approche et je télégraphie au commandant de la 1ère Division légère : "Général Koenig, sachez et dites à vos troupes que toute la France vous regarde et que vous êtes son orgueil !"....Des 5 500 hommes environ, que la 1ère Division légère comptait avant Bir Hakeim, Koenig, après quatorze jours de combat, en ramenait près de 4 000 valides. Nos troupes laissaient sur le terrain 1 109 officiers et soldats, morts, blessés ou disparus.... Mais nous avions infligé à l'ennemi des pertes trois fois supérieures à celles que nous avions subies".
Et dans le tome I de "Mémoire de guerre" : "La Nation a tressailli de fierté en apprenant ce qu'ont fait ses soldats à Bir-Hakeim. Braves et purs enfants de France qui viennent d'écrire avec leur sang, une des plus belles pages de gloire !"
Un texte pour la commémoration de Bir Hakeim.
« Aux morts de Bir-Hakeim » par le Révérend Père Charles ALBY :
"Ils dorment dans le silence. Dans le silence du désert. C’est plus que le silence ordinaire d’un cimetière. C’est le silence cosmique. C’est le silence d’une solitude absolue. Cette solitude du désert, affranchie de tout instable de la vie, comme dirait Pierre Loti.
C’est bien la tombe qu’il leur fallait à ces braves. Un cimetière ordinaire ne leur convenait pas. Un cimetière ordinaire a des dimensions banales ; il est enclos dans des lieux habités, inscrit dans un cadastre. Pas de cadastre au désert, pas de limites ! Aux morts tragiques, il faut des tombes que seul visite, au coucher du soleil, le vent froid du bled.
Le vent a passé sur leur bataille, il a transporté l’odeur de leur poudre, il les a aveuglés de son sable. Il a vibré de l’écho des explosions. Lui seul sait. Il est le témoin tellurique de ce combat qui n’a ressemblé à aucun autre.
Car ceux de Bir-Hakeim étaient morts avant de mourir. Ils avaient tout sacrifié, ils avaient coupé les amarres. Ils avaient fait à la Patrie un don total. Ils étaient des séparés au point que certains de leurs compatriotes ne les reconnaissaient plus. Ils avaient continué de croire à la Patrie quand celle-ci semblait ne plus croire en eux. Le désert moral était plus rude pour eux que le désert physique.
Un petit cimetière de village, un petit cimetière de banlieue n’était point leur affaire. Tout cela est trop administratif et ils avaient envoyé promener l’administration pour retrouver l’âme de la Patrie. Ils sont bien les fils de la terre et c’est pourquoi ils dorment à même le sol sans linceul et sans cercueil.
Ô vent du désert soulève un peu de cette poussière qui colle à leurs os et va la porter au-delà de la mer bleue, au-delà des monts et des vallées, jusqu’à l’arc du Grand Empereur, et dépose ce sable non point dessous, mais dessus bien haut, afin que du haut du ciel tous les grands soldats de France, de Jeanne d’Arc à Foch, la voient, cette poussière !
Ô morts de Bir-Hakeim, vous reposez seuls au milieu de vos trophées et des instruments de votre martyre, au milieu des restes de la mitraille et des chars ennemis que vous avez arrêtés.
Vous restez dans la bataille... car la bataille continue ...
La grande stèle dresse la Croix de Lorraine sur ces arpents de terre nue et quand son ombre s’allonge, au déclin du soleil, le vent du soir, courant sur les asphodèles et susurrant dans les barbelés, souffle à l’oreille du pèlerin qui s’attarde : « PASSANT, VA-T-EN DIRE A LUTECE QUE DEUX CENTS BRAVES SONT TOMBES ICI POUR QUE VIVE LA FRANCE. »
Un combattant de Bir Hakeim.
Jacques-Réginald Savey est né le 10 octobre 1910. A 26 ans, révérend père dominicain, il part comme missionnaire en Syrie en Haute-Djézireh. Sous-Lieutenant de Réserve, Jacques-Réginald Savey est mobilisé le 28 août 1939 et affecté à un service de renseignement. Pendant l’été de 1940, il hésite deux mois à cause de ses convictions religieuses, sur la conduite à tenir après la signature de cette Armistice, qu’il n’admet pas plus que la politique d’un gouvernement qui renverse les alliances traditionnelles de la France.
Dès le 28 juin 1940, sa décision est prise et il rallie les Forces Françaises Libres à Ismaïlia au Caire. On lui confia d’emblée le commandement d’une compagnie du Premier Bataillon d’Infanterie de Marine, récemment crée. Le 1er BIM, toute première des unités de la France Libre, formé de Français presque tous issus de l’Infanterie Coloniale est le seul bataillon où Jacques-Réginald Savey a servi, il prendra l’appellation de BIMAP en octobre 1942 après Bir-Hakeim et deviendra en 1945 le Premier RIC (Régiment d’Infanterie Coloniale). Ses traditions sont actuellement conservées par le 1er RIMa (Régiment d’Infanterie de Marine) basé à Angoulême.
Promu Capitaine en novembre 1940, Jacques-Réginald Savey a participé aux combats en Syrie, en Erythrée, en Cyrénaïque et en Egypte. Lors de la campagne d’Erythrée, à la bataille de Massaouah, en mai 1941, le 1er BIM est cité à l’ordre de l’Armée. La 3e Compagnie, sous les ordres du Capitaine Savey, a provoqué la reddition de 1943 Italiens.
Nommé à la tête du 1er BIM en juin 1941 après la prise de Damas et promu Chef de Bataillon à cette occasion pour “ services exceptionnels ”, Jacques-Réginald Savey a trouvé une mort glorieuse à la tête de son bataillon lors de la sortie de vive force de Bir-Hakeim le 10 Juin 1942. Il avait 31 ans. La citation décernant, à titre posthume, la Croix de la Libération au Commandant Savey, souligne la valeur morale et militaire exceptionnelle de ce prêtre missionnaire officier de l’Infanterie de Marine, digne héritier de la tradition des croisés de Syrie.
La dépouille du Chef de Bataillon Savey a été rapatriée de Bir-Hakeim en 1946. Le père Savey repose aujourd’hui au cimetière conventuel d’Etiolles avec ses frères de religion.
Source :
Diocèse aux Armées : www.dioceseauxarmees.fr
Crédit photographie : site Mer et Marine : www.meretmarine.com
La photographie du nouveau cimetière de Bir-Hakeim, installé depuis 2001 non loin de Tobrouk, est issue du site : https://www.birhakeim-association.org