Dans un discours grave et lyrique, le chef de l'Etat a salué «le sacrifice» des militaires qui ont perdu la vie le 25 novembre dans le crash de deux hélicoptères en opération contre des djihadistes.
A peine le dernier cercueil recouvert du drapeau tricolore disparu sous le porche monumental de la cour d’honneur des Invalides, l’interminable cortège composé des treize familles des militaires disparus – parents, épouses et compagnes, enfants, amis et proches – s’ébranle en passant devant le couple présidentiel.
Récits de bataille.
Dans les galeries, pendant la minute de silence, leurs frères d’armes, figés au garde-à-vous, ont gardé le salut le temps du lent défilé des cercueils portés par leurs camarades de l’Aviation légère de l’armée de terre (Alat), de la Légion ou des Groupements des commandos de montagne reconnaissables à leur «tarte», la coiffe traditionnelle des chasseurs alpins et à leur tenue blanche striée de vert. «Je m’incline devant leur sacrifice», a déclaré le président de la République. «Ils sont morts en opération, pour la France, pour la protection des peuples du Sahel, pour la sécurité de leurs compatriotes et pour la liberté du monde, pour nous tous qui sommes là», a ajouté Emmanuel Macron.
Suivant la tradition militaire des récits de bataille, le chef de l’Etat a commencé son discours par celui de la nuit où les treize militaires ont trouvé la mort. «Le vent fouettait la plaine ocre et aride du Sahel, lorsque des commandos firent appel à des renforts aériens. L’ennemi, poursuivi depuis plusieurs jours, avait été repéré et le combat engagé. Mais, dans la steppe piégeuse du sud-Mali, parsemée d’acacias prostrés, la tombée imminente de la nuit rendait difficile la progression au sol. Dans ce théâtre, vaste comme l’Europe, la fulgurance vient du ciel», a-t-il déclamé devant deux anciens présidents de la République, Nicolas Sarkozy et François Hollande, et en présence du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, du Premier ministre, Edouard Philippe, des membres du gouvernement, des présidents du Sénat et l’Assemblée nationale, Gérard Larcher et Richard Ferrand et des maires des quatre villes endeuillées dont celui de Pau, François Bayrou. Emmanuel Macron a ensuite retracé la carrière de ces treize «engagés volontaires, treize soldats, engagés pour une idée de la France qui vaut d’être servie. Un engagement profond, modeste et discret rendu public par le sacrifice. Volontaire car chacun avait choisi seul, de parcourir le chemin de l’honneur d’être homme».
Larmes et émotion.
Le président de la République a annoncé que leurs noms allaient être gravés sur le monument dédié aux soldats tombés en opération extérieure, inauguré le 11 novembre et qu’ils étaient promus au grade supérieur. Puis il est allé épingler la croix de chevalier de la légion d’honneur sur chacun des treize coussins de velours rouges. Avant le début de la cérémonie, des camarades des pilotes d’hélicoptère tués dans l’opération, reconnaissables à leur béret bleu cobalt, peinaient à contenir leurs larmes et leur émotion. Parmi les treize soldats figurait un des leurs, le pilote d’hélicoptère Puma Pierre-Emmanuel Bockel, dont la compagne attend un enfant. Son père, l’ancien ministre, Jean-Marie Bockel, qui s’est entretenu avec Emmanuel Macron, lui a demandé une dispense pour que celle-ci puisse se marier à titre posthume et que l’enfant porte le nom de son père qui sera inscrit sur le monument.
Sources :
Journal Libération
Texte de Christophe Forcari – CDT ad honores dans la RC du Gouverneur Militaire de Paris
Photographies de Denis Allard