Un jeune officier d’artillerie très prometteur.
Décembre 1793 : Napoléon Bonaparte a 24 ans. Capitaine depuis ses passages aux écoles de Brienne, Royale du Champs de Mars à Paris et d’artillerie à Auxonne, il vient de se distinguer à Toulon où son régiment, le 4e d’artillerie, est en poste. Il a appuyé la reprise des fortifications de la ville et de là a fait bombarder les flottes anglaise et espagnole qui avaient pris leurs quartiers sur l’arsenal. A ses côtés se battent de jeunes officiers qui bientôt feront parler d’eux : Marmont, Junot, Masséna, Suchet et Perrin. Ce fait d’armes permet à Bonaparte d’obtenir le grade de général de Brigade.
Une année plus tard, alors que le régime mis en place par Robespierre vient d’être renversé, Bonaparte est emprisonné quelques temps pour complicité ; lui qui est depuis peu à la tête de l’artillerie de l’armée d’Italie. 1795 ! Bonaparte se fiance à Désirée Clary, fille d’un riche fabricant de soie. Il a suivi les conseils de son frère aîné, Joseph, qui a épousé l’aînée des filles Clary. Bonaparte refuse un poste de général d’infanterie dans l’ouest et intègre, en août, le bureau topographique du Comité de Salut Public. Il succède à Lazare Carnot à ce poste et se forme à la haute stratégie. Le 15 septembre, le nom de Bonaparte est rayé des cadres ! On lui reproche son refus de se rendre au poste dans l’ouest.
Mais 15 jours plus tard, Paul Barras, influent au sein de la Convention nationale de la 1ère République, devient général en chef de l’armée de l’Intérieur (unités de la 17e division militaire, celle de Paris, augmentées des unités de la Somme, de l’Eure et de la Seine-Inférieure).
Le 13 vendémiaire.
La Convention nationale est le régime politique mis en place en septembre 1792 après le vote sur la déchéance de Louis XVI. Ses représentants ont été élus par un vote au suffrage universel masculin. La Convention a connu plusieurs périodes dont la terrible Terreur sous Robespierre. Et elle a aussi connu des révoltes royalistes que ce soit en Vendée, en Bretagne où le débarquement de soldats fidèles au roi, à Quiberon, a échoué. Le général républicain Hoche a vaincu, bien appuyé par les dissensions au sein du camp royaliste.
Ces derniers ne déposent pas les armes pour autant. La Convention ne veut pas d’un retour des monarchistes. Elle vote un décret par lequel les deux tiers des futurs députés devront être d’anciens conventionnels. C’en est trop pour les monarchistes qui travaillent à un soulèvement populaire dans la capitale.
Le 11 vendémiaire, les monarchistes – Vaublanc, Quincy, Thévenet dit Danican et la Section Lepeletier – se réunissent pour préparer leur action. La Convention met en place une commission permanente sur le sujet. Elle est emmenée par Paul Barras, député du Var. Le 12 vendémiaire, la Convention envoie le général Menou intimer l’ordre aux royalistes de cesser leur agitation. La répression est plutôt verbale…
Paul Barras connait bien Bonaparte. Il lui a confié la défense des côtes provençales deux années plus tôt. Si Barras a le titre de commandant des troupes de Paris, le jeune général est celui qui manœuvre et qui décide. Il envoie son ami Joachim Murat s’emparer de 40 canons au camp des Sablons. De leurs côtés, les sections royalistes s’arment. Le coup d’Etat est prévu pour le lendemain. Elles disposent de 25.000 hommes et se pensent invincibles.
Bonaparte n’a que 5.000 à 6.000 hommes, mais il a des canons. Les royalistes s’approchent des Tuileries, là où siège la Convention. Bonaparte ne tremble pas, ne discute pas comme l’a fait Menou. Il fait tirer au canon sur les royalistes. Les fusillades ne durent que quelques heures. Le 13 vendémiaire an IV – 5 octobre 1795 – se solde pour les royalistes par plus de 300 morts dont beaucoup sur les marches de l’église Saint-Roch, rue Saint-Honoré. Le lendemain, 6 octobre, Napoléon écrit à son frère Joseph : « Tout est terminé… Comme à mon ordinaire, je ne suis nullement blessé ». Neuf jours plus tard, chez Barras, le jeune général rencontre Marie-Josèphe-Rose de Tascher de la Pagerie, veuve Beauharnais. Le 26, après avoir été encensé à la Convention, Bonaparte devient commandant en chef de l’armée de l’Intérieur. Il est GMP ! Pendant des années, il sera surnommé « général vendémiaire ».
On connait la suite…
Sources :
- Encyclopédies Larousse et Wikipédia.
- Site www.napoleon-empire.net
- André Castelot, Bonaparte, Perrin, 1967.
- André Castelot, Napoléon, Perrin, 1968.