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Réserve Citoyenne du Gouverneur militaire de Paris

Réserve Citoyenne du Gouverneur militaire de Paris

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La guerre du Rif.

Publié par CDT (RC) Frederic Rignault sur 25 Janvier 2015, 19:25pm

Catégories : #Mémoire

1914: le général Lyautey inspecte la région du Rif.
1914: le général Lyautey inspecte la région du Rif.

Le jeu diplomatique.

Au milieu du 19e siècle, le sultan du Maroc Moulay Hassan cherche à neutraliser les influences colonialistes des puissances européennes en pratiquant un jeu diplomatique assez subtil. Mais il finit par se heurter à la volonté expansionniste de l’Espagne au nord et à celle de la France qui étudie les moyens d’une consolidation de son pouvoir sur les provinces algériennes frontalières du sultanat. Les conférences de Madrid en 1880 puis d’Algésiras en 1906 rappellent et structurent ce cadre d’influence européenne sur le Maroc, avec le soutien de l’Angleterre et en dépit des tentatives de coups de force de l’Allemagne : l’Espagne se voit attribuer les territoires du sud (Sahara espagnol) et du nord (toute la bande côtière baignant la Méditerranée et les montagnes du Rif), quand la France est dotée du centre du pays. La ville de Tanger, au nord, est déclarée « zone internationale ». Le protectorat de notre pays sur le sultanat peut commencer. Il est confié à un général bâtisseur et organisateur : Hubert Lyautey.

Lyautey au Maroc.

Lyautey connait bien le Maroc pour y avoir exercé le commandement de la région d’Oujda, dans le nord, en 1907. Il y réprime le soulèvement dans la région des Beni-Snassen. Cinq années plus tard, la Convention de Fès ayant transformé le Maroc en un protectorat français, le gouvernement de la République confie la mission au général Lyautey d’en être le premier résident général.

Peu à peu, réalisant un mélange ingénieux de soumission militaire de tribus récalcitrantes et de modernisation du pays, la France s’impose au Maroc. Le Résident général au Maroc œuvre en étroite collaboration – mais généralement en imposant son point de vue – avec le sultan et son makhzen (son adjoint ou suppléant). Respectant les traditions et défenseur de la religion musulmane, Lyautey fait transformer et bâtir des villes, construire des routes, édifier des quartiers entiers. Une administration « à la Française » est mise en place. Le Maroc connait alors une expansion économique sans précédent. Les entreprises se développent ; elles industrialisent à marche forcée le pays ; industries bien souvent tournées sur l’exportation vers la métropole. La capitale du sultanat est déplacée de Fès à Rabat, et sous la direction de l’architecte Henri Prost, Casablanca devient une cité de premier plan.

Le soulèvement de 1921.

Mais en 1921, au nord du pays, des tribus berbères se soulèvent face aux troupes espagnoles. Le général Manuel Fernandez Silvestre se place à la tête d’une armée forte de 60.000 hommes avec un seul objectif : mater en quelques semaines ces tribus qui défient la puissante Espagne. C’est le contraire qui se produit : à la bataille d’Anoual, le 20 juillet 1921, le chef militaire rifain Abd el-Krim est vainqueur. Les Espagnols ont sous-estimé les soldats du Rif, moqué leur avertissement. Voilà les forces ibériques prisent dans une nasse au cœur du djebel. Ils laissent quatorze-mille hommes sur le champ de bataille. Devant l’anéantissement de son armée, le général Silvestre se suicide…

Les guerriers d’Abd-el-Krim récupèrent les matériels abandonnés par les Espagnols : 20.000 fusils, 400 mitrailleuses, 200 canons, un stock important d’obus et des millions de cartouche. En France, mais plus encore en Espagne, c’est l’incompréhension totale, doublée d’une humiliation sans précédent.

Le 1er février 1922, Abd el-Krim proclame la République confédérée des tribus du Rif, mais il reste très prudent et se soumet au sultan du Maroc Moulay Youssef. La France n’intervient pas, considérant qu’il s’agit d’affaires intérieures au protectorat espagnol. Peu à peu, les troupes berbères repoussent les Espagnols, ne leur laissant qu’une mince bande côtière et quatre villes : Asilah, Ceuta, Mellila et Larache. Mais deux ans plus tard, les tribus du Rif, en dépit des lettres et promesses d’allégeance au pouvoir central, marchent sur Fès. Craignant un embrasement de toute la région, l’Armée française intervient et écrase les troupes rebelles.

Lyautey, nouvellement nommé maréchal de France, indique au gouvernement de la République française : « En présence des éventualités créées par la soudaineté et la violence de l’irruption des rifains, il est impossible de rester dans cette situation, sous peine, je le dis nettement, de risquer de perdre le Maroc ». Le chef militaire français obtient l’accord de Paris et renouvelle les victoires.

Pour autant, jugé comme trop prudent, Lyautey est remplacé par le prestigieux maréchal Pétain. A la tête de 100.000 soldats français et trois fois plus de soldats espagnols, fort de divisions aériennes et de capacités de bombardement, le « vainqueur de Verdun » vient à bout des troupes d’Abd el-Krim en quelques mois. Il est à noter que l’armée française emploie de façon massive l’appui aérien et utilise à plusieurs reprises des bombes chimiques, remplies de gaz moutarde. Face à la puissance occidentale des armées française et espagnole, Abk-el-Krim finit par se rendre. Plus de 30.000 Rifains ont déjà été tués. Le Gouvernement français l’envoie en exil sur l’île de la Réunion, d’où il s’évade en 1946 pour se réfugier en Egypte, alors principal foyer du nationalisme arabe. Il y mourra en 1963.

Au total, la guerre du Rif a coûté la vie à plus de dix-neuf-mille soldats espagnols, et environ douze-mille Français.

Plus tard, réfléchissant sur ce qu’il avait réalisé au Maroc, le maréchal Lyautey jugea ainsi son œuvre au Maroc : « Au fond, si j'ai réussi au Maroc, dans la tâche que le gouvernement de la République m'avait confiée là-bas, c'est pour les raisons mêmes qui me rendaient inutilisable en France [...] J'ai réussi au Maroc parce que je suis monarchiste et que je m'y suis trouvé en pays monarchique. Il y avait le Sultan, dont je n'ai jamais cessé de respecter et de soutenir l'autorité [...] J'étais religieux, et le Maroc est un pays religieux [...] Je crois qu'il n'y a pas de vie nationale possible et prospère, et naturelle, qui ne fasse sa place au sentiment religieux, aux disciplines religieuses [...] Je crois à la bienfaisance, à la nécessité d'une vie sociale hiérarchisée. Je suis pour l'aristocratie, pour le gouvernement des meilleurs [...] J'ai vu qu'il y avait des écoles où allaient les enfants de telles classes, d'autres écoles où allaient des enfants d'autres milieux et qui ne se mélangeaient pas [...] J'ai respecté tout cela, à la fois parce que cette soumission au fait fortifiait ma propre politique et parce que mes propres convictions m'en montraient la légitimité et la noblesse [...] Mais tout cela m'eût été impossible en France [...] Et c'est pour cela que je n'aurais peut-être pas réussi à Strasbourg. »

CDT (RC) Frederic Rignault

Sources :

  • Pierre Dumas, Abd-el-Krim, Editions du Bon Plaisir, Toulouse, 1927.
  • Vincent Courdelle-Labrousse, Nicolas Marmié, La guerre du Rif, Paris Taillandier, 2008.
  • André Le Révérend, Lyautey, Fayard, 1983.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Michel Abitbol, Histoire du Maroc, Perrin, 2009.
  • Daniel Rivet, Histoire du Maroc, Fayard, 2006.
  • Raymond Postal, Présence de Lyautey, Ed. Alsatia.
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