Une enfance dans le Massif Central.
Augustin Trébuchon nait le 30 mai 1878 dans l’un des hameaux formant le petit village de Malzieu-Forain, dans le nord du département de la Lozère. Là est la Margeride, région granitique, fortement boisée, qui se prolonge dans l’est du Cantal et à l’ouest de la Haute-Loire. C’est un pays de pâturages entrecoupés de bois, de prés, de landes et d’eau. Les plateaux sont hérissés d’énormes rochers de granit. Il y a peu, des loups peuplaient les nuits de la Margeride…
Augustin Trébuchon est le fils de Jean-Baptiste et de Rosalie Trébuchon. Comme beaucoup de jeunes – et parfois de moins jeunes – il est berger. Il garde le troupeau de moutons de la famille. De la classe 1898, il porte le matricule 906 au Recrutement de Mende et 13.002 au Corps. Il intègre le 142e régiment d’infanterie le 14 novembre 1899 jusqu’au 23 septembre 1900. D’abord en disponibilité de l’armée d’active, il passe réserviste en 1902 puis dans l’infanterie territoriale en septembre 1912.
De 1914 à octobre 1918.
Augustin Trébuchon est rappelé sous les drapeaux dès le 4 août 1914. Il rejoint la caserne de Mende et est incorporé au 111e régiment d’infanterie, régiment d’Antibes, fin septembre 1914. L’unité fait partie de la 57e brigade d’infanterie, de la 29e division et du 15e corps d’armée. Surtout, le 111e vient de perdre une grande partie de son effectif lors de la bataille des Frontières et du Grand Couronné. En juin 1915, il passe au 74e RI (régiment des Normands de Rouen et Elbeuf). Le régiment est surveillé de près : en 1914, il a participé à la « trêve de Noël » (fraternisation avec les Allemands) et l’année suivante, à plusieurs reprises, les soldats ont refusé de monter à l’assaut.
En 1916, Augustin Trébuchon est versé au 288e RI puis, le 3 août 1917, au 415e RI, créé à Marseille en mars 1915. Cette unité fait partie de la 310e brigade et de la 155e division d’infanterie. Notre homme devient soldat de 1ère classe le 18 septembre 1918. Il a fêté ses 40 ans quatre mois plus tôt.
Le 11 novembre 1918.
Si Augustin Trébuchon n’est pas connu pour ses faits d’armes, il l’est par contre pour cette date fameuse du 11 novembre 1918.
Son régiment a atteint la Meuse le 8 novembre, entre Charleville-Mézières et Sedan. Pour autant, il n’est pas question d’entrer dans ces villes, mais de se maintenir au contact des Allemands en franchissant la vallée. Le 415e profite du brouillard de la nuit du 9 au 10 novembre et franchit le fleuve alors en crue. Les hommes bénéficient des restes d’un barrage et traversent sans trop d’encombres. Les Allemands, s’apercevant de l’avancée des Français, décident de lancer une contre-attaque. Les hommes du 415e s’enterrent. Ils savent qu’ils sont protégés par l’artillerie, qui pourra les sauver de ce mauvais pas. Du moins l’espèrent-ils…
L’armistice vient d’être signé (5 heures et 15 minutes) ce lundi 11 novembre 1918. L’annonce est de suite transmise aux divisions, brigades, régiments… Il arrive au 415e vers 6h30. D’un côté comme de l’autre, pas question d’engager des hostilités sachant que la guerre doit se terminer à 11h ! Les soldats se tiennent tranquilles…
Pas tous ! Augustin Trébuchon quitte son abri pour porter un message à son capitaine. Et là, dans la ligne de mire d’un soldat ennemi, le pauvre Augustin tombe raide. Il vient de recevoir une balle dans la tête. Le soldat Gazareth découvre le corps. Il est 10h55 en cette journée du 11 novembre. Le colonel Charles de Berterèche de Menditte commande le 415e RI. Pas question pour lui, comme pour l’armée, d’annoncer un mort le jour du 11 novembre 1918, qui plus est quelques minutes avant l’heure officielle de cessez-le-feu. Aussi, fait-il antidaté le décès d’Augustin le jour d’avant !
Pour la majeure partie des historiens, Augustin Trébuchon est le dernier mort français de la Première Guerre mondiale, comme le caporal Jules Peugeot en avait été le premier, le 2 août 1914 à Joncherey dans le Territoire de Belfort.
En 2012, un jardin de la mémoire Augustin Trébuchon est inauguré à Rethondes.
Sources :
- Encyclopédie Wikipédia.
- Encyclopédie Larousse.
- Site Chtimiste.
- Site « Mémoire des Hommes ».
- Alain Fauveau, Le Vagabond de la Grande Guerre : Souvenirs de la guerre 1914-1918 de Charles de Berterèche de Menditte, officier d'infanterie, Geste Éditions, 2008.
- Pierre Miquel
- La Victoire de 1918, Tallandier, 1998
- Le Gâchis des généraux : Les erreurs de commandement pendant la guerre de 14-18, Plon, 2001
- Les Poilus, Plon, 2000