Tout au long de son histoire, la ville de Paris a été entourée d’enceintes successives. Chronologiquement, on compte : l’enceinte gauloise (supposition historique), une enceinte gallo-romaine, les enceintes médiévales de Philippe Auguste et de Charles V, l’enceinte de Louis XIII, celle des Fermiers généraux et enfin l’enceinte de Thiers.
« L’enceinte de Thiers ».
Après moult tergiversations, recommandations, lois et décrets, une enceinte fortifiée autour de Paris commence à voir le jour en 1841, sous le gouvernement d’Adolphe Thiers. Longue de 33 km, elle comporte 94 bastions, 17 portes, 23 barrières et 8 passages de chemin de fer. A l’extérieur, après une fosse, une bande de 250 m de large est déclarée non constructible ; à l’intérieur, les bastions sont desservis par la rue Militaire et par une voie de chemin de fer, rapidement surnommée « Petite Ceinture ». Au passage, les villages de Montmartre, La Villette, Belleville, Charonne, Bercy, Montrouge, Vaugirard, Auteuil, Passy et des Batignolles sont annexés.
L’enceinte de Paris est complétée par une série de forts judicieusement placés sur des axes principaux ou au croisement d’axes principaux. Ainsi, à Saint-Denis, grande ville industrielle, la situation du Fort de la Double-Couronne permet le contrôle de la Route nationale 1 et de la Route nationale 14 ; à Maisons-Alfort, le Fort de Charenton (le fort prend le nom de la ville qu’il doit défendre) est situé entre la route nationale 6 (route de Genève) et la route nationale 19 (route de Belfort). Ces ouvrages doivent permettre d’une part de stopper toute colonne se dirigeant sur la capitale (une colonne comporte des dizaines de milliers d’hommes, de chevaux et de voitures, donc doit prendre des axes principaux) ; d’autre part, les forts sont aussi là pour empêcher tout bombardement grâce à l’action de leur propre artillerie. Autour de la capitale les forts sont au nombre de 16 :
- Forts de la Briche, de la Double-Couronne, de l’Est à Saint-Denis.
- Fort d’Aubervilliers à Aubervilliers.
- Fort de Romainville aux Lilas.
- Fort de Noisy à Romainville.
- Fort de Rosny à Rosny-sous-Bois.
- Fort de Nogent à Fontenay-sous-Bois.
- Fort de Vincennes à Vincennes.
- Fort de Charenton à Maisons-Alfort.
- Fort d’Ivry à Ivry-sur-Seine.
- Fort de Bicêtre au Kremlin-Bicêtre.
- Fort de Montrouge à Arcueil.
- Fort de Vanves à Malakoff.
- Fort d’Issy à Issy.
- Forteresse du Mont Valérien à Suresnes.
Disparition - Transformation.
Mais cette enceinte de Thiers devient obsolète dès la fin du 19e siècle, du fait de la portée de l’artillerie (les Prussiens l’ont prouvé en 1871). Son démantèlement est envisagé en 1882. Déclassées par la loi du 19 avril 1919, les fortifications sont peu à peu détruites. Très vite, les emplacements sont occupés par des constructions sauvages qui abritent environ 30.000 personnes. La déconstruction se poursuit jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Il convient d’occuper ces emplacements : certains représentants politiques proposent que Paris soit entourée d’espaces verts, de jardins et aussi de lieux de divertissement comme des casinos. Finalement, les pierres, briques et autres matériaux de l’enceinte servent à la construction de logements sociaux (que l’on peut voir le long du périphérique), d’équipements sportifs comme le stade Jean Bouin et la piscine Molitor, de lieux d’exposition (le parc de la porte de Versailles), mais aussi d’immeubles de luxe comme les immeubles Walter du 16e arrondissement.
Après la Seconde Guerre mondiale, la démocratisation de l’automobile amène à réfléchir à la construction d’une nouvelle ceinture. Mais cette fois, il s’agit d’une ceinture de transport. Elle verra le jour dans les années 1960, se situera un peu au-delà de l’emplacement des enceintes (au-delà des fameux 250 mètres) et s’appellera… boulevard périphérique.
Aujourd’hui quelques vestiges de l’enceinte de Thiers restent visibles :
- La Poterne des Peupliers ;
- Le bastion n°1, situé à côté de l’échangeur de la porte de Bercy ;
- Des pans de bastions aux portes de La Villette, d’Arcueil ou de Montempoivre ;
- Des postes de casernes ou de l’octroi….
Sources :
- Encyclopédie en ligne : www.wikipedia.fr et www.larousse.fr
- Site sur les fortifications du général Adolphe Séré de Rivière : www.fortiffsere.org
- Pierre Milza, L’Année terrible, Perrin.
- Louise Michel, La Commune : Histoire et Souvenirs (1898).
- Pierre Miquel, La Troisième république, Fayard.